Connu depuis l’Antiquité pour ses vertus médicinales, le curcuma est un colorant jaune obtenu en broyant la racine (rhizome) du Curcuma longa, une plante herbacée originaire du sud de l’Asie. Il appartient à la famille des zingibéracées, comme le gingembre et le galanga.
Aussi appelé le safran des Indes, il est cultivé en Inde, en Chine, dans l’île Maurice et à la Réunion. Une fois le rhizome déterré, il est bouilli, pelé, séché puis réduit en poudre. Ce pigment est utilisé en tant que colorant et teinture, mais c’est sa saveur qui fait son succès. Il est notamment l’un des principaux ingrédients du curry. Cette épice fut importée en Europe par les Romains lors de la conquête de la Gaule au Ier siècle av. J.-C.
Sa saveur poivrée et très aromatique relève le goût des plats, mais il permet également de conserver la fraîcheur, la valeur nutritive et la saveur des aliments. Il était utilisé comme additif alimentaire bien avant la mise au point des conservateurs de synthèse.
Il est utilisé en médecine ayurvédique et dans les médecines traditionnelles asiatiques pour stimuler la digestion ; il augmente notamment la sécrétion biliaire.
Les atouts nutritionnels et les bienfaits du curcuma
Étant donné la faible quantité de curcuma utilisée en cuisine, il n’est pas pertinent de parler de sa composition nutritionnelle en termes de vitamines, minéraux et fibres.
Bien qu’il contienne certains nutriments en quantités très intéressantes, les quantités réellement apportées sont minimes et négligeables par rapport au reste de l’alimentation.
Les bienfaits du curcuma résident dans les curcuminoïdes, dont la curcumine, qui sont de puissants antioxydants. Toutefois, des effets favorisant l’oxydation (pro-oxydants) sont observés à forte dose, et il existe des doutes sur les effets à long terme de doses importantes de curcuma, qui pourraient entraîner des effets indésirables. Y compris, peut-être donc, une augmentation et non une diminution du risque de cancer. Consommez-en mais, comme toujours, n’en abusez pas !
Cuisiner et consommer le curcuma
La pipérine, qui donne sa saveur piquante au poivre, améliore l’absorption des curcuminoïdes chez l’animal et chez l’homme. Pour profiter au maximum des bienfaits du curcuma, il est donc recommandé de l’associer à du poivre noir. Il existerait également une synergie entre le curcuma et le thé vert : expérimentalement, la combinaison de curcumine et d’EGCG (contenue dans le thé vert) serait 8 fois plus efficace pour la destruction des cellules cancéreuses que lorsque ces deux substances agissent de manière isolée. L’effet maximal serait obtenu en consommant le poivre, le thé vert et le curcuma de manière séquentielle ; c’est-à-dire à des horaires différents : le poivre avant le repas, le curcuma au cours du repas et le thé vert une heure après le repas.
La dose thérapeutique pour soulager les troubles digestifs s’élève à 1,5 à 3 g par jour, équivalent à environ 1 cuillerée à thé de curcuma par jour. C’est la quantité que consomment les Indiens grâce au curry. La dose nécessaire à la prévention du cancer n’est pas connue précisément, mais elle semble un peu supérieure.
Pour profiter des bienfaits du curcuma, vous pourrez l’ajouter en poudre dans les plats de viande, poisson, crustacés et légumes. La poudre permet également de donner de l’onctuosité aux sauces.
Bienfaits du curcuma : des propriétés prometteuses
On l’a dit, le curcuma contient des curcuminoïdes, des pigments jaunes aux propriétés antioxydantes puissantes qui permettent de lutter contre les radicaux libres responsables du « stress oxydatif » et donc des cancers. Des études épidémiologiques montrent que certains types de cancers sont plus rares (côlon, sein, prostate, poumon) dans les pays asiatiques où le curcuma est très consommé.
Le curcuma, bon pour les fumeurs
Un essai préliminaire a montré que la consommation de curcuma pourrait diminuer la production des substances cancérigènes chez les fumeurs. Dans une étude menée sur 25 sujets à risque de cancer ou de rechute, 7 patients ont vu leurs lésions précancéreuses régresser en prenant de la curcumine (à très haute dose : jusqu’à 8 g par jour) pendant trois mois.
La curcumine inhiberait la prolifération des cellules cancéreuses grâce à une action à différents moments de leur développement. Elle inhibe la formation des métastases et le développement des vaisseaux sanguins qui nourrissent les tumeurs.
Elle favorise aussi la fabrication d’enzymes qui participent à l’élimination des cellules cancéreuses. Elle aurait une activité qui inhibe la croissance des tumeurs. Les bienfaits du curcuma favoriseraient également l’apoptose des cellules cancéreuses, c’est-à-dire leur suicide spontané.
Les propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes du curcuma seraient également impliquées dans la prévention du cancer.
Les études chez l’animal suggèrent également que la curcumine pourrait prévenir plusieurs cancers (poumon, côlon, estomac, foie, peau, sein, œsophage, lymphomes, leucémies). Certaines montrent des effets prometteurs du curcuma dans la prévention du cancer du côlon, notamment en luttant contre le développement des polypes qui font le lit du cancer.
Dans une étude clinique chez l’homme, la totalité des patients ont vu le nombre et la taille de leurs polypes diminuer après six mois de traitement avec du curcuma et de la quercétine.
Le curcuma protégerait également la muqueuse de l’estomac contre la bactérie Helicobocter pylori. C’est elle qui augmente le risque de cancer de l’estomac. Il favorise également la détoxification de certaines substances cancérigènes, les rendant ainsi inoffensives.
Le curcuma dans les traitements du cancer
Le curcuma est aujourd’hui étudié pour ses effets en traitement du cancer. La curcumine semble en effet s’attaquer assez spécifiquement aux cellules cancéreuses, ne faisant pas de mal aux cellules normales. Les doses utilisées sont largement supérieures aux doses alimentaires (jusqu’à 8 g par jour) et cet effet curatif est donc difficile à évaluer.
Après un repas, c’est dans le tube digestif que la plus grande concentration de curcumine est atteinte après un traitement par voie orale. C’est pourquoi des essais sur le cancer colorectal à un stade avancé ont été entrepris mais, à la vérité, à ce jour, ils ne sont pas concluants.
Un essai portant sur 21 patients atteints d’un cancer du pancréas avancé a montré des effets positifs chez deux patients pour 8 g par jour. Ces fortes doses sont bien tolérées.
Enfin, la curcumine pourrait être utile en tant que traitement adjuvant du cancer. En effet, elle pourrait augmenter les effets thérapeutiques de la radiothérapie et de la chimiothérapie en rendant les cellules cancéreuses plus sensibles à ces traitements. Elle atténuerait en effet le phénomène MDR (Multi-Drug Résistance) qui explique souvent pourquoi les traitements classiques deviennent inefficaces. Elle permettrait aussi de réduire les effets indésirables liés à ces traitements.
De nombreux essais cliniques sont en cours pour vérifier les effets préventifs et thérapeutiques du curcuma.
Bienfaits du curcuma : d’autres bénéfices santé
- Stimulation de la digestion par augmentation des sécrétions biliaires. L’Organisation mondiale de la santé a reconnu l’efficacité des rhizomes de curcuma en traitement de la dyspepsie ; c’est-à-dire des troubles digestifs de type maux d’estomac, nausées, perte d’appétit, sensations de surcharge. Une étude laisse aussi supposer que le curcuma pourrait soulager les symptômes du syndrome de l’intestin irritable.
- Traitement des troubles inflammatoires de type douleurs arthritiques, rhumatismales ou menstruelles. Dans un essai, la curcumine s’est révélée aussi efficace sur l’arthrite rhumatoïde que la phénylbutazone, un médicament anti-inflammatoire vendu en pharmacie.
- Guérison des ulcères, eczéma, blessures, lésions causées par la gale.
- Le curcuma est aussi traditionnellement utilisé pour traiter l’aménorrhée, c’est-à-dire l’arrêt anormal des règles. Les scientifiques estiment donc que les femmes enceintes ne devraient pas consommer de fortes doses de curcuma ou de caroténoïdes.
- Des essais sont en cours pour évaluer l’intérêt potentiel de la curcumine dans le cadre de la maladie d’Alzheimer.